... attention, c'est la minute blonde!
Or donc, après quelques recherches, je découvre avec joie que je peux, moi aussi, conduire au Québec, même si mon permis international est resté quelque part dans mon ancienne chambre en Belgique. A moi les routes québécoises, et leur signalisation extraordinaire!
Que faut-il savoir quand on pilote sur une route québécoise? D'abord, info pratique : en tant que titulaire d'un permis étranger, il t'est permis à toi, lecteur assidu, de prendre le volant durant les 6 premiers mois de ton voyage. Au-delà, il te faut faire une demande de permis international (c'est pas cher, et utile -quand on ne l'oublie pas avant le départ...). Évidemment, il est hors de question de louer un camion si ton permis ne t'autorise pas à piloter l'engin! Cancel le projet, les camions sont sublimes, mais pas pour toi!
Piloter au Québec, c'est Conduire avec amour. Je t'assure, j'ai vu ce panneau aux abords d'une agglomération. On ne demande pas de conduire avec prudence mais bel et bien avec amour. Et c'est probablement pour ça que les québécois sont si aimables derrière leur volant. Si, en Belgique, la priorité de droite ne fait pas que des heureux, sache qu'au Québec, elle n'existe pas. Par contre, les routes sont peuplées de panneaux d'arrêt. Et crois-moi, griller un stop, c'est aussi grave que griller un feu rouge en pleine heure de pointe à Bruxelles (en tout cas, si ton co-pilote est québécois, tu risques de te faire sonner les cloches!). Or donc, conduis avec amour, et pratique le "premier arrêté, premier à redémarrer". La priorité est effectivement accordée à celui qui est le premier à s'arrêter au carrefour. Il n'y a donc aucune autre logique à suivre.
Piloter au Québec, c'est avoir en permanence une mère-poule invisible. Les panneaux de signalisation t'avertissent du moindre danger potentiel, et ça va de la traversée d'un orignal (panneau très connu) au "attention la route elle tourne!!!". En Belgique, on sait qu'on doit ralentir parce que seuls les virages réellement dangereux sont signalés. Ici, même les petits tournants qui ne nécessitent que deux doigts sur le volant sont indiqués. Ceci dit, cet excès d'avertissements est utile en ce qui concerne les sorties d'autoroute. J'ai été maintes fois surprises par ces sorties qu'on prend trop vite faute de les connaitre, mais ici, ça ne devrait pas m'arriver : la signalisation routière propose une vitesse adaptée à la sortie empruntée! Si ça, c'est pas de l'assistance à la conduite de type rallye...
Toujours dans la catégorie mère-poule, il est fréquent qu'on t'avertisse que bientôt tu vas devoir t'apprêter à freiner parce qu'un feu rouge va croiser ton chemin! En plus, les feux clignotent pour t'avertir que le feu sera au rouge quand tu atteindras le carrefour, et que tu devras vraiment t'arrêter. Enfin, non seulement la sécurité routière rappelle fréquemment la vitesse maximale à ne pas dépasser, mais, sur autoroute, elle indique également la vitesse minimale à laquelle tu dois rouler (entre 60 et 100 km/h). Tout est donc pensé et prévu pour que tu conduises correctement!
Mais... (car il y a toujours un mais) il n'empêche qu'ils sont fous ces québécois! Il existe une petite règle qui te permet, lecteur assidu tiens-toi bien à ton siège, de virer à droite au feu rouge! Naturellement, quand le feu passe au rouge, il faut s'arrêter, mais si ton itinéraire te pousse à tourner à droite, tu peux le faire (à condition de n'emboutir aucune voiture ou piéton, parce que ça fait désordre sur la route et qu'on conduit avec amour, ici!). Petite nuance cependant : interdiction de le faire sur l'île de Montréal ou aux intersections où se trouve un panneau d'interdiction... ça laisse tout de même un grand territoire où c'est permis.
Et puis il y a des panneaux qu'on ne verra jamais en Belgique, notamment ceux qui signalent une possible chute de glace : il ne fait pas assez froid chez nous que pour que ça soit justifié. Ici, par contre, ils existent, et eux-mêmes constituent des dangers puisqu'ils sont couverts de glace au plus froid de l'hiver. Heureusement, c'est joli, alors on les pardonne un peu. Il y a aussi des panneaux qu'on voit rarement au Québec. Ainsi, les ronds-points restent des aménagements rares, et mieux vaut les aborder avec méfiance, car il est possible que la voiture qui y est engagée ne sache pas comment elle doit en sortir (ni même dans quel sens emprunter la chose).
Enfin, quand tu auras atteint ta destination, lecteur assidu, sache que ce panneau ne signifie pas "buvons pour fêter ça" mais bel et bien que tu as un sublime belvédère sous le nez, et que tu dois en profiter. Conduire au Québec est un plaisir pour les yeux : les routes sont belles, les paysages vastes, et il suffit d'une bonne musique en fond sonore pour se sentir libre. Le seul danger contre lequel on ne peut rien reste la fatigue au volant, car si les autoroutes sont souvent de longues lignes droites sans autre surprise qu'une voiture qui te dépasse à toute allure, elles restent un piège pour celles et ceux qui n'ont pas l'habitude des longues distances. Prévoir un co-pilote et des arrêts réguliers est, quand on voyage, une excellente idée. Une couverture dans le coffre, quelques bons cd, une carte routière, et en route pour l'aventure!